Architecte

Adeline Dumas
Architecte co-gérante chez Daum Architectes

• Quelle a été l’implication de votre entreprise, de votre service dans le chantier ?
  Nous avons réalisé une co-conception avec l’agence bruxelloise A2M, depuis le début du concours jusqu’au développement des études, en passant par le développement des études, et jusqu’au suivi de chantier pour arriver à la livraison du chantier. Daum, l’agence locale, a assuré un suivi de chantier hebdomadaire.
   
• Quel sont les plus gros défis que vous et vos équipes ayez eu à relever sur ce chantier ?
  De trouver un moyen de rationaliser les détails d’exécution sur un bâtiment existant qui présente ses propres défauts et contraintes.
   
• Les travaux terminés, quelle partie du chantier préférez-vous et pourquoi ?
  La teinte du bardage métallique, parce qu’elle ressemble vraiment à la teinte « vert de gris » des panneaux en pâte de verre présents sur les anciennes façades.
   
• Quel est l’histoire du bâtiment principal et du bâtiment Galien (date de construction, architecte, caractéristiques) ?
  Les bâtiments ont été construits en 1968. En investiguant aux archives de la ville, nous avons découvert que les architectes des bâtiments qui composent le site de la faculté de pharmacie n’étaient autre que Messieurs Cassan et Domergue. Urbain Cassan est un architecte reconnu de l’époque moderne.
  Le bâtiment principal est un bâtiment complexe, son organisation en forme de « H » génère de nombreuses façades avec de multiples orientations. Une trame verticale est très présente sur les façades, et l’alternance des éléments verticaux porteurs en béton rythme la façade et offre à celui-ci une identité. La teinte du matériau de façade en pâte de verre, habillage des allèges de fenêtre, confère aussi une ambiance particulière à ce site.
  Pour le bâtiment Galien, bâtiment de forme rectangulaire et offrant une composition de façades simple, les mêmes matériaux que pour le bâtiment principal sont utilisés, mais sont appareillés de manière différente. Une trame horizontale se lit grâce à l’alternance des allèges pleines et des châssis.
   
• Quel a été votre parti-pris architectural en débutant ce projet ?
  La nécessité de rénover les façades nous invite à écrire une nouvelle page pour ce site.
  Nous proposons de continuer à écrire l’histoire, de ne pas faire table rase du passé mais de s’en inspirer tout en proposant des solutions aux différentes problématiques. Transformer un bâtiment c’est aussi lui offrir une nouvelle identité, une identité soucieuse d’être dans l’air du temps, contemporaine.
   
• Quels sont les objectifs que vous avez retenus dans le cahier des charges de ces travaux de rénovation ?
  Les systèmes de façades à mettre en place doivent répondre aux différents enjeux à la fois :
  • être contemporain,
  • renforcer l’identité,
  • répondre aux nécessités énergétiques pour améliorer le confort des usagers,
  • et réduire la consommation énergétique.

Sobriété énergétique

Frédéric BOURY
Responsable de la sobriété énergétique,
DIL, Université de Lille.

• Quel sont les plus gros défis que vous et vos équipes ayez eu à relever sur ce chantier ?
  Il s’agit de la 1^ere opération de l’Université en rénovation lourde avec engagement de performance énergétique (l’engagement énergétique ne se pratique habituellement que dans les opérations neuves). Il fallait donc connaitre au mieux le fonctionnement réel du bâtiment et ses usages (enseignement, recherches) pour pouvoir prévoir, par calcul, quels seront les consommations énergétiques après les travaux.
   
• Les travaux terminés, quelle partie du chantier préférez-vous et pourquoi ?
  La centrale solaire photovoltaïque en toiture qui va produire 10% de l’électricité consommée par le bâtiment. Cela peut paraitre peu mais pour atteindre cette valeur, il a fallu déployer plus de 400 panneaux solaires ce qui en fait la plus grosse installation solaire de l’Université à ce jour.
   
• Quels sont les résultats attendus par ces travaux en termes de consommations énergétique ? en termes d’empreinte écologique ?
  L’engagement du groupement Bouygues est de réduire de 50% les consommations énergétiques des bâtiments (alors que nous avions demandé 40% initialement). Les émissions de CO2 vont donc être divisées par 2 par rapport à l’état avant-travaux. Pour cette opération, nous avions imposé l’usage d’écomatériaux (une partie des isolants de façade est en laine de bois) et de matériaux de réemploi (les briques démontées sur les pignons ont été réemployées pour la réalisation de jardinières plantées, une partie des revêtements de façade du bâtiment Galien a été réemployée). L’eau de pluie est récupérée pour être utilisée dans la serre botanique.
   
• Quelles sont les autres technologies utilisées pour isoler le bâtiment ?
  Le bâtiment principal et le bâtiment Galien ont été complétement isolés par l’extérieur et habillés de tôles d’acier qui reprennent la couleur des carreaux de céramiques des anciennes façades. Des brise-soleil verticaux en façades limiteront les apports solaires pour améliorer le confort d’été sans modifier la vue depuis l’intérieur. Ainsi, le bâtiment rénové garde un aspect qui rappelle beaucoup son identité initiale tout en améliorant ses performances énergétiques.
  Dans le bâtiment Galien, qui souffrait de problèmes de confort, la qualité de l’air intérieur et le confort d’été ont été au centre des préoccupations pour rendre ce bâtiment confortable toute l’année pour les étudiants et les enseignants, avec une nouvelle ventilation et un suivi de la qualité de l’air, en plus de diviser par deux ses consommations énergétiques.
   
• Quelles sont les ressources récupérées ?
  Les briques des pignons du bâtiment principal, le bardage métallique de l’ascenseur du bâtiment Galien, l’eau de pluie de la serre botanique.
   
• Par quelles moyens (surfaces ou quantité de panneaux solaires ? Récupérateurs d’eau ? …)
  • 407 panneaux solaires pour une puissance de 167 kWc.
  • Cuve de 3.000 litres d’eau de pluie.
     
• Quelle incidence des panneaux solaires (et des récupérateurs d’eau) sur les consommations de ressources ?
  Les panneaux solaires photovoltaïques produiront annuellement l’équivalent de 10% des consommations électriques du bâtiment. L’électricité produite sera directement consommée dans le bâtiment (avec revente éventuelle du surplus).

Pilotage politique des travaux UFR3S

Damien CUNY
Vice Doyen Finance et patrimoine de l’UFR3S
Doyen de la Faculté de Pharmacie de 2015 à 2017

• Quelle a été votre implication sur le projet

Sous l’impulsion du Président de l’Université de Lille 2 de l’époque, j’ai initié ce projet de rénovation lors de mon mandat de Doyen (2015-2017). Il y a un peu moins de 3 ans, l’État a lancé son programme France Relance comprenant un volet pour la rénovation énergétique des bâtiments qui a labellisé quatre projets proposés par l’Université de Lille, parmi lesquels le projet de la Pharmacie.

Mon rôle a été de suivre le chantier d’un point de vue politique. Nous avions des réunions à minima hebdomadaires, durant lesquelles des choix devaient être faits (organisationnel, chronologiques, esthétiques…). Une collaboration très étroite a été réalisée avec JF Gérard de la DIL qui suivait le chantier en tant que maître d’ouvrage. Enfin, j’assurais la liaison avec la Faculté de Pharmacie.

• Quel sont les plus gros défis que vous et vos équipes ayez eu à relever sur ce chantier ?

Le plus gros des défis a été que le chantier se déroule sans porter atteinte à la continuité de service. Les travaux ont généré de nombreuses nuisances qu’il a fallu constamment rendre compatible avec les activités de la Faculté. Pour cela, il a fallu concilier les travaux et la présence quotidienne de l’ensemble des personnels et étudiants.

• Les travaux terminés, quelle partie du chantier préférez-vous et pourquoi ?

Il est très difficile d’avoir une préférence, et je ne suis pas du tout objectif. Nous voulions conserver l’architecture et l’allure du bâtiment en ayant une démarche très progressiste en termes de gestion des flux thermiques. En cela, les façades sont une vraie réussite et ne dénaturent pas le site. De même, le Galien est complètement régénéré.

• Pouvez-vous nous rappeler le contexte de ce plan de relance et les financements propres à la pharmacie ?

Le budget dédié aux travaux de rénovation de la pharmacie est de 18 millions €.

• Avez-vous des projets pour continuer dans cette dynamique économique et écologique ?

En attendant de nouveaux financements du type France Relance indispensables à la poursuite de travaux d’envergure, nous associons constamment des impératifs de transition énergétique à tous les chantiers de l’UFR3S et ce sur l’ensemble des sites (158 000 m² au total !) : relamping (passage aux LED), changement des châssis de fenêtres, travaux sur l’isolation, l’économie des fluides….

Il existe également plusieurs actions Qualité de vie au travail et de développement durable dédiées aux espaces extérieurs en cours.

• Quels impacts sur la qualité de vie des étudiants, des personnels, attendez-vous de ces travaux ?

Un cadre de vie plus agréable ; un meilleur confort thermique ; un meilleur confort visuel ; une baisse des consommations d’énergie de 50%.