UFR3S
Sciences de Santé et du Sport

L'œil sur eux

Vieillir oui mais vieillir heureux !

Le 10 novembre dernier paraissait aux éditions Odile Jacob, le premier ouvrage du Professeur Éric Boulanger, « Je décide de vieillir bien, longtemps et en bonne santé ». Issu tout à la fois de son parcours de médecin, d’enseignant et de chercheur, cet ouvrage se veut un livre constructif, positif et dynamique sur l’avancée en âge.

Prévenir pour vieillir bien. Cela pourrait être le crédo de cet optimiste pour qui vieillir reste un plaisir tant que l’on conserver le pouvoir d’agir.

"Il existe un plaisir accessible auquel nous ne pensons pas assez, c'est celui de vieillir bien." Qu'entendez-vous par "vieillir bien" à contrario de "bien vieillir" ?
Bien vieillir
correspond à des normes qui sont imposées par la sciences, par les autres. Il y a beaucoup de publications qui nous expliquent ce qu’il convient de faire. Il existe même des centres du bien vieillir. Alors que le vieillir bien c’est plutôt une dynamique dans laquelle chacun fait tout ce qu’il peut, sans cocher forcément toutes les cases, mais dans laquelle il met toutes les chances de son côté pour aller vers un vieillissement réussi. C’est-à-dire qu’il est acteur de son vieillissement, un vieillissement actif pour un vieillissement réussi.

Alors que souvent le vieillissement est associé à la crainte, au renoncement, vous parlez de plaisir à vieillir bien ? De quel plaisir s'agit-il ?
Il s’agit de ne pas prendre le vieillissement comme quelque chose à subir, comme une fatalité. Vieillir bien peut être un but, un projet. Mettre toutes les chances de son côté pour vieillir bien peut se révéler un plaisir, une fierté de pouvoir rester en bonne santé, d’être fonctionnellement indépendant tant sur le plan physique que cognitif. C’est très certainement un plaisir auquel on ne pense pas forcément.

Médecin, enseignant en biologie du vieillissement, chercheur : en quoi vos trois autres métiers ont-ils impacté l'écriture de ce livre ?
Dans notre statut d’hospitalo-universitaire ces trois fonctions sont indissociables. Ce livre n’est pas un livre de recherche ou bien si cela l’est, c’est au titre des recherches bibliographiques que j’ai faites. C’est surtout un savoir que je transmets.

En tant que médecin je reste toujours étonné de voir arriver en gériatrie des patients polypathologiques pour lesquels in grand nombre des pathologies étaient évitables ou potentiellement évitables s’il y avait eu plus de prévention en termes d’éducation en santé pour la population générale, plus de prévention enseignée aux soignants, plus de culture prévention qui passe des soignants à la population générale. Je pense que sur le plan de l’enseignement, il est important aujourd’hui de transmettre ce savoir. Pour moi, ce livre est un outil de médiation de la prévention en santé dans lequel il m’a semblé important, de transmettre des concepts souvent extrêmement simples.

En cela il est complémentaire de beaucoup d’ouvrages sur le sujet car je ne parle pas de ce que la science nous promet demain, mais de qu’elle permet aujourd’hui pour vieillir bien avec des choses accessibles à tous comme bien dormir, marcher, lire.

À quels cibles cet ouvrage s'adresse-t-il prioritairement ?
À tout le monde, mais pas principalement aux personnes âgées ou avançant en âge. Il n’y a pas d’âge pour bien vieillir, il n’y a pas d’âge pour commencer à vieillir car on sait maintenant que l’on commence à vieillir avant de naître ; qu’il y a déjà des marqueurs qui vont influencer la bonne santé de la vie d’adulte de l’enfant à venir dans le sperme du papa – ce qui veut dire que papa, trois mois avant de féconder maman doit faire attention à son hygiène de vie pour mettre toutes les chances du côté de sa progéniture d’avoir une bonne santé durant sa vie d’adulte et donc de bien vieillir. Et je ne veux surtout pas faire d’âgisme et destiner ce livre à une classe d’âge définie. Il est vraiment pour tout le monde, car il n’y a pas d’âge pour faire de la prévention

"Les droits d'auteur issus de ce livre sont versés à la Fondation Université de Lille pour la recherche sur le vieillissement." Qu'est ce qui a motivé votre décision ?
Ce livre est issu de mon travail, de mes multiples fonctions. Et donc comme ce livre vient de mon expertise professionnelle de fonctionnaire, que l’Etat m’a permis de faire de belles études, d’avoir aujourd’hui un beau travail, je me dois de rendre à l’Université ce qu’elle m’a offert et ce qu’elle m’offre encore.

Indépendamment de cet ouvrage, ce savoir vous a permis de modéliser un projet de prise en charge globale de la prévention en matière de vieillissement appelé Tempoforme. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Quand vieillit, on avance vers trois statuts : soit on reste robuste, soit on devient fragile, soit on « bascule » vers la dépendance. La dépendance n’est pas une fatalité et l’état de fragilité est réversible quand il est repéré tôt. Le projet Tempoforme, porté par le CHU de Lille avec comme partenaire le CHU d’Amiens, l’Institut des Rencontre de la Forme (IRF0) et la société KELINDI (e.santé), va permettre de diffuser une « culture fragilité pour tous ». Cela va se concrétiser par une campagne de communication dans tous les Hauts-de-France, le développement d’un site web et d’une application Tempoforme afin de pouvoir s’auto-référer fragile ou non, la création d’une formation spécialisée « AUEC Bien Vieillir » portée par l’UFR3S et l’installation d’un centre Tempoforme sur le campus H-U avec 3 niveaux de recours : hotline, téléconsultation et bilan de santé. Les financeurs que nous remercions ici sont, à ce jour, la CASART, la Région et l’ARS des Hauts-de-France, le Département du Nord de même que la Métropole Européenne de Lille.